The best international managers have lost money"

Dans cet environnement si particulier quelles sont les solutions d’investissement que vous privilégiez ?

De manière générale l'environnement financier est plus complexe aujourd’hui. Les investisseurs recherchent plutôt des solutions d’investissement sans risque ou capital garanti. Cependant dans un environnement de taux quasi nuls à court terme, il est difficile de proposer des solutions attrayantes ; même les fixed deposits perdent de leur attractivité. C'est à nous, en tant que professionnels de la gestion de patrimoine, d’être créatifs pour accompagner les investisseurs et trouver des solutions adaptées. C'est grâce à cette approche que nous avons pu offrir des produits qui ont attisé l'intérêt de nos clients que ce soit en roupies ou en devises étrangères.

En cette période de crise, comment les accompagnez-vous dans leur stratégie d’investissement ?

La question du risque est souvent mal exprimée par les professionnels. Il n'y a pas de mauvais placements, il n'y a que de mauvaises explications. Suis-je prêt à perdre 100% de mon investissement pour gagner 4% par an ?  Il y a huit mois, investir dans l’hôtellerie mauricienne était la panacée, est-ce toujours le cas ? Pour être sûr d’informer au mieux nos clients, nous avons axé notre offre de gestion autour de 2 mandats, le mandat non-discrétionnaire qui permet à l'investisseur de prendre la décision finale et le mandat discrétionnaire ou le client nous mandate d’agir en fonction du profil de risque qu’il aura décidé. Dans tous les cas nous nous appuyons sur notre équipe d’analyse, nos outils de gestion des risques et nos compétences de marché.

Comment se fait le processus d’évaluation des risques ?

On l’a vu avec la crise du Covid-19 même les meilleurs gérants internationaux ont perdu de l’argent. Cela n’a rien à voir ni avec leurs compétences ni avec la diversification du portefeuille mais avec l’impondérable, le cygne noir.  Plus que la question du risque, c’est donc imaginer l’impensable qui est important et surtout comment s’en protéger. La question qu’un investisseur doit se poser c'est, est-ce que mon gérant possède les outils nécessaires pour prémunir mon portefeuille de tels risques ? C’est d’autant plus important aujourd’hui quand on fait face à l’incertitude du coronavirus. La conception des scenarios et les capacités de détection permettent d’améliorer la prise de décision. Faut-il pour autant rester en cash ? Je ne pense pas, la période est propice à de nombreuses opportunités, les cartes ont été rebattues et il faut savoir en tirer profit. Ce qui était cher hier est devenu bon marché et vice versa.

Le ralentissement de l'économie mondiale suite à la crise sanitaire risque-t-il d'affecter les marchés financiers dans les mois à venir ?

La question se pose pour l'Europe mais a moindre mesure pour le reste du monde. Les Etats-Unis et la Chine ont repris une bonne partie du terrain perdu. D’ailleurs la Chine sera la seule économie majeure à afficher une croissance positive en 2020 alors les prévisions de récession pour les Etats-Unis ont été divisées par deux. Quel que soit le résultat de l'élection américaine, les marchés US vont en profiter, cependant pas tous les secteurs et de manière différente. Le plus important n'est pas d'expliquer ce qui s'est passé mais de préparer les portefeuilles de nos clients à toute éventualité. Comme le soulignait St Exupéry, nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants. C'est notre devoir de ne pas détruire cet héritage.