Les événements entourant la récente pandémie ont eu de lourdes conséquences, autant pour les sociétés que pour les particuliers sud-africains.
Après avoir terminé l'année 2019 à environ 14 ZAR pour 1 USD, le taux de change sud-africain a accusé un net recul en raison de la crise de la Covid et de la décision de Moody, en mars dernier, de dégrader sa note souveraine. À avril 2020, le rand sud-africain s'établissait à 19 ZAR pour 1 USD (taux le plus faible jamais enregistré) au bureau de change. Ce qui représentait une hausse sensible du coût d'achat des devises fortes pour les résidents sud-africains diversifiant leurs portefeuilles d'investissement dans les marchés internationaux.
Nous avons depuis assisté à une remontée partielle du taux de change et ce, pour diverses raisons. D’abord, les fluctuations importantes à court terme sont souvent exagérées. Ensuite - portés par les marchés financiers liquides et efficaces de l'Afrique du Sud et l'indépendance reconnue de la Banque centrale (Reserve Bank) – il y a le facteur des rendements relativement élevés des obligations de l'État sud-africain qui demeurent attractifs pour les investisseurs à court terme, surtout dans un monde de taux d'intérêt bas, voire négatifs. La bourse de Johannesburg a également suscité un vif intérêt chez les investisseurs en fonds propres internationaux. Ainsi, les sud-africains qui ont préféré rester sur la touche, et attendre la remontée du taux de change ont été, en partie, récompensés par une appréciation du taux par rapport au USD, pour désormais avoisiner les 17 ZAR.
Les sociétés sud-africaines opérant sur des marchés internationaux ont également été confrontées à différents défis, posés notamment par le bouleversement des chaînes logistiques et la chute de la demande dus au confinement dans les autres pays. Sur le plan intérieur, aux problèmes de gestion est venu s'ajouter un climat d'affaires défavorable. Toutefois, alors que les observateurs luttent pour mesurer pleinement l'impact économique de la crise, un consensus semble se dégager sur une baisse du PIB sud-africain de 6 à 8 % pour 2020. Certains pensent même que, sans un leadership fort pour mettre en œuvre des réformes fondamentales, la situation pourrait être pire.
La nature de la pandémie et la coordination des mesures prises au niveau international pour enrayer la propagation du virus a mondialisé le dilemme. Il est littéralement impossible de fuir le problème et bien que la situation semble s'améliorer, un certain nombre de secteurs ont été frappé de plein fouet ; compagnies aériennes clouées au sol, rassemblements sportifs et dans les lieux de divertissements limités, et restrictions imposées même sur les espaces commerciaux et de travail. Mais d'autres secteurs de l'économie ont été eux favorisés et devraient continuer à bien s'en sortir. Par exemple, celui de la santé. Ainsi, l'entreprise pharmaceutique sud-africaine Aspen a été récemment mise en vedette après qu'une étude au Royaume-Uni ait démontré qu'un de ses médicaments avait réduit le nombre de décès dans le cas de patients de la Covid-19 gravement malades. Parmi les autres secteurs de l'économie bien placés pour tirer profit de notre « nouveau normal » se trouvent le commerce et le divertissement en ligne, la communication et les événements numériques ainsi que l'informatique en nuage (cloud computing).
Il serait également intéressant de se pencher sur les impacts secondaires. En effet, si la monnaie continue de se négocier dans une fourchette inférieure, cela pourrait, à long terme, être bénéfique aux secteurs minier et du tourisme sud-africains, ainsi que pour certains éléments de la production intérieure. Combiné à une législation du travail plus souple, cela pourrait attirer les investissements nécessaires pour baisser le taux de chômage élevé qui tourmente l'Afrique du Sud depuis maintenant de nombreuses années. Il s'agirait là d'un « nouveau normal » plutôt apprécié.