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Business Mag, Rakesh Seesurn, Head of Risk, AfrAsia Bank
Rakesh Seesurn, Head of Risk, AfrAsia Bank

Rakesh Seesurn, Head of Risk in Business Mag

Publié le
19 août, 2020
Publié dans la catégorie
Opinions d'experts
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En cette période de post-Covid-19 où les banques sont particulièrement vulnérables comment l’IFRS 9 peut-elle les aider à mieux provisionner les créances douteuses, notamment pour le segment B?

 

Lors de la crise financière de 2008, l’identification rapide des créances irrécouvrables a été désignée comme une lacune importante, selon les normes comptables actuelles. Le provisionnement pour pertes encourues était souvent "trop peu" et "trop tard". L'IFRS 9 a introduit des nouvelles dispositions en matière de dépréciation, exigeant une comptabilisation et évaluation plus rapide des pertes de crédit attendues. Cette nouvelle disposition se distingue en trois phases :

 

  1. L'entité comptabilise les pertes attendues sur 12 mois lors de l'investissement ;
  2. Deuxièmement, si le risque de crédit augmente de manière significative, les pertes attendues sur la durée du prêt doivent être comptabilisées et l'actif est classé en phase 2 ;
  3. Enfin, si la qualité du crédit se détériore au point de menacer le recouvrement du principal, l'actif est classé en phase 3.

L'IFRS 9 est beaucoup plus sensible aux nouvelles informations que l'IAS 39, avec l'inclusion d'informations prospectives basées sur des perspectives économiques intégrées dans son cadre. Elle vise donc à mieux refléter la dimension économique des opérations financières. Ainsi, les risques inhérents aux transactions transfrontalières sont pris en compte dans le modèle des pertes de crédit attendues (ECL), en tenant compte la classification du risque pays et des informations ponctuelles sur les marchés financiers, en plus de l'évaluation du risque de contrepartie.

 

Peut-on que la norme IFRS 9 est un outil précieux pour les responsables des départements de contrôle interne des banques?

 

Oui, en effet. L'adoption de l'IFRS 9 a permis aux banques de renforcer leurs systèmes de contrôle interne grâce à un meilleur processus de gestion de bout-en-bout. L'IFRS 9 a incité les banques à évaluer de manière cohérente leur cadre général de tolérance au risque. Les banques sont désormais tenues d'analyser ces flux de données haute fréquence afin d'améliorer l'évaluation des risques de leurs produits, services et processus. En même temps, la norme IFRS 9 a créé un cadre qui garantit que les décisions de crédit sont cohérentes avec la stratégie globale ainsi que le portefeuille de produits bancaires. En vertu de l'IFRS 9, les banques sont tenues d'ajuster leur stratégie de portefeuille à un niveau plus granulaire en révisant soigneusement leurs limites sur les actifs risqués. Cela est particulièrement important dans le contexte de la COVID, où les banques doivent soutenir l'économie tout en gérant leurs risques de crédit et en évaluant les dommages permanents. Dans l'ensemble, l'IFRS 9 a renforcé les systèmes de gestion des risques des banques et amélioré leur processus de mise en œuvre de leurs stratégies. 

 

 

Comment l’application de l’IFRS peut-elle participer au renforcement de la stabilité du système financier?

 

En exigeant des banques à améliorer le suivi des performances et à augmenter la portée de la gestion active du crédit, l'IFRS 9 permet aux banques d'évaluer à l'avance toute détérioration potentielle du crédit. Il en résulte un système financier plus stable, car les banques sont en mesure de prévoir et de comptabiliser les pertes potentielles. Grâce à ses systèmes d'alerte rapide, les banques sont en mesure d'identifier les clients qui connaissent des difficultés et de les aider de manière proactive. Le modèle ECL intègre des informations prospectives qui préparent les banques à une éventuelle détérioration de la qualité du crédit. Dans cette optique, les banques peuvent revoir leurs stratégies d'optimisation du bilan et leurs initiatives de déploiement des liquidités pour s'adapter aux changements attendus.

 

 

Peut-on dire qu’auparavant les normes en matière d’informations financières étaient trop complexes?

 

L'approche logique de la classification et de l'évaluation des actifs financiers a été grandement simplifiée, mais il n'en va pas nécessairement de même pour le modèle de dépréciation prospective, basé sur les "pertes attendues".

 

Malgré les difficultés rencontrées pour identifier les informations prospectives pertinentes, les entités sont toujours tenues de faire des estimations impartiales fondées sur des informations raisonnables et justifiables qui sont disponibles sans engager des coûts ou efforts excessifs à la date de déclaration. De nombreux modèles de pertes de crédit basés sur des données historiques peinent à produire des estimations raisonnables dans un contexte COVID-19, caractérisé par un chômage à deux chiffres, des baisses massives du PIB et une économie mondiale en convalescence.

 

La perspective de taux d'intérêt négatifs ferait également des ravages sur les modèles mathématiques qui s'attendent à des valeurs strictement positives. C'est pourquoi nous devons régulièrement envisager de multiples scénarios dans nos projections et notre planification. Nous devons également mettre en place des systèmes suffisamment souples et rapides pour répondre à des conditions changeantes. L'adaptabilité et la résilience sont bien plus importantes que la fausse précision d'une analyse statistique complexe fondée sur l'histoire.

 

 

On sait que la nouvelle norme a impacté les opérations financières des banques. Mais avec le recul ne pensez-vous pas que cette transition était nécessaire surtout en cette période où les banques doivent être plus rigoureuses sur les risques de crédit ?

 

Au mieux, l'ancien modèle pour la comptabilisation des pertes encourues ne fournissait aux investisseurs aucune information qu'ils ne connaissaient pas déjà lors de la dernière récession. Mais l'adoption de la norme ECL n'aurait pas pu intervenir à un pire moment. Au début de cette année, les entreprises commençaient tout juste à s'habituer à l'idée d'intégrer des estimations prospectives dans les rapports financiers lorsque le choc économique le plus grave, depuis la Grande Dépression, a frappé. Étant donné l'énorme volatilité des marchés et la difficulté de faire des prévisions en période d'incertitude extrême, certains se demandent maintenant s'il faut revoir toute l'expérience de l'ECL. Toutefois, cela serait contre-productif.

 

L’exercise de prévision est un pivot important au calcul de l'ECL et les investisseurs comprennent qu’il y a un élément de volatilité inhérente avec un impact direct sur la profitabilité. Ainsi, l'IFRS 9 prévoit un cadre d'évaluation et de surveillance continues des risques, contrairement à l'IAS 39, qui ne comptabilise que les pertes subies. En résumé, l'IFRS 9 fournit beaucoup plus d'informations sur le profil de risque d'une banque que le modèle des pertes encourues ne l'a jamais fait.

 

 

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