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A travers son histoire, l’lle Maurice nous démontre qu’elle a toujours été capable de se réinventer face aux épreuves.
Nousrath Bhugeloo, Direction Régionale, AMEA (Afrique, Moyen-Orient et Asie)

A travers son histoire, l’lle Maurice nous démontre qu’elle a toujours été capable de se réinventer face aux épreuves.

Publié le
28 septembre, 2019
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Opinions d'experts
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Cela fait maintenant plusieurs années que le centre financier international de Maurice s'est imposé comme un moteur d’investissements transparent et fiable pour l’Afrique. Quelle est votre appréciation des mesures prises par les organes de réglementation et la communauté Global Business pour veiller à ce que nous demeurons une juridiction de substance, axée sur la création de la valeur ajoutée, surtout en nous alignant sur les exigences fixées par les organes de réglementation financière internationaux ?

 

Maurice a mis en œuvre un certain nombre de mesures, et est aujourd’hui perçue comme une juridiction propre et transparente qui a adopté toutes les normes internationales requises.

 

Le pays a adhéré à la convention multilatérale de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale, grâce à laquelle il dispose désormais d'un mécanisme d'échange d'informations avec pas moins de 127 juridictions. Suite à l'examen par les pairs de l'OCDE sur les pratiques fiscales dommageables, de nombreux changements ont été initiés. Depuis 2018, on assiste ainsi à un renforcement des règles applicables en matière de substance économique, obligeant notamment les entreprises à démontrer l'exercice d'activités pertinentes à Maurice, en relation avec leur objet social. Celles-ci doivent, en particulier, veiller à ce que leurs principales activités génératrices de revenus soient réalisées à Maurice.

 

De plus, le gouvernement a supprimé le crédit d'impôt fictif de 80 % considéré comme pratique fiscale dommageable par l'OCDE. Maurice a également signé l'accord de mise en œuvre du Common Reporting Standard (CRS) pour l'échange automatique de renseignements financiers et fiscaux au niveau international et a été le premier pays africain à signer l'accord intergouvernemental avec les États-Unis pour l'application du Foreign Accounts Tax Compliance Act.

 

Le gouvernement n’a eu de cesse de mettre en œuvre des réformes pour améliorer notre cadre juridique et réglementaire et préserver la bonne réputation de notre centre financier.

 

 

Se positionnant comme juridiction privilégiée pour les flux d'investissements directs étrangers (IDE) vers l'Afrique, Maurice a signé 21 accords de non double imposition et 23 accords de promotion et de protection des investissements avec les pays de l'Afrique. Quelle est l'importance de cet avantage concurrentiel pour le secteur du Global Business ?

 

On pense souvent que les économies d'impôts demeurent les principales raisons qui poussent les investisseurs ou entrepreneurs à se tourner vers Maurice. Tel n'est pas le cas. La stabilité politique et économique, l'absence de contrôle des changes, la facilité d'y faire des affaires, le cadre juridique et réglementaire propice, l'État de droit, la sécurité et la sûreté du pays, l'ensemble des compétences du capital humain et la qualité des services sont les arguments qui plaident généralement en faveur de Maurice comme passerelle d'investissement vers l'Afrique. Bien que l’île n’ait pas de traité avec plus de 30 Pays en Afrique, elle demeure quand même une plaque tournante pour l'investissement dans ces pays. Le succès d'un centre financier ne peut reposer sur des conventions fiscales car ce n'est pas une stratégie viable. Les conventions fiscales sont importantes mais ne sont pas les motivations première des investisseurs qui choisissent d’utiliser Maurice.

Outre les holdings d'investissements, Maurice fournit également un environnement approprié pour la mise en commun des fonds et la protection de la propriété intellectuelle. La bonne gouvernance y attire aussi des investissements directs étrangers (IDE), ainsi que d'autres investisseurs, car elle leur permet de mettre en place des fonds et d'autres structures pour investir sur le continent africain.

 

Quels sont les marchés les plus prometteurs du continent africain ? Est-ce que ces investissements dans les divers pays africains ont une incidence positive sur leur développement socio-économique ?

 

Dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, la population et les marchés en forte progression de l'Afrique offrent des opportunités commerciales intéressantes.

 

Les trois pays à importante population que sont l'Égypte, le Nigéria et l'Éthiopie sont ceux qui attirent le plus d'investissements directs étrangers. L'Égypte ouvre la marche, suivi du Nigeria, avec respectivement USD 12 milliards et USD 8 milliards d'investissements étrangers enregistrés l'année dernière. L'Éthiopie est actuellement le plus grand bénéficiaire d'investissements directs étrangers (IDE) de la sous-région d'Afrique de l'Est. Selon un récent rapport de EY, le pays le plus peuplé de l'Afrique de l'Est aurait attiré des IDE à hauteur de USD 7 milliards. Le Kenya et la Tanzanie le talonnent avec USD 2 milliards et USD 1 milliard respectivement. Ce succès de l'Éthiopie s'explique par son énorme marché intérieur, et le fait que de nombreux investisseurs souhaitent profiter de la main-d'œuvre bon marché dans le secteur manufacturier. Affichant une croissance actuelle de 8 %, le Ghana émerge également en tant que principale destination d'IDE sur le continent.

Les investissements étrangers en Afrique sont essentiels pour permettre au continent de relever ses défis en matière de développement et l’innovation est une des solutions qui lui permettra de répondre aux demandes non satisfaites de biens et services, de combler les lacunes en termes d'infrastructure, de créer des emplois et de réduire la pauvreté.


L'investissement à impact social et environnemental est notamment en nette progression sur le continent. Les investisseurs, incluant de nombreux organismes de financement du développement, souhaitent ainsi à obtenir, grâce à leurs fonds d'investissement, des effets mesurables dans des domaines directement associés aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. De tels fonds à impact sont souvent domiciliés et administrés à Maurice, soulignant la contribution de l'île dans le développement continu du continent.

 

Suite à la modification, en 2017, du traité entre l'Inde et Maurice visant à éviter une double imposition, avons-nous été capable de réinventer le secteur et de diversifier nos offres à travers d'autres avantages complémentaires concrets pour l'Afrique et d'autres régions du monde?

 

A travers son histoire, l’lle Maurice nous démontre qu’elle a toujours été capable de se réinventer face aux épreuves.

 

Une résilience reflétée dans notre secteur de Global Business suite à la modification de la convention fiscale avec l'Inde. Au moment où cela s'est produit, nous avions déjà commencé à mettre sur pied un centre financier international solide. Plus important encore, nous avions déjà commencé à nous positionner en tant que plateforme d'investissement vers l'Afrique. Depuis lors, nous n’avons cessé de renforcer notre atout naturel en tant que centre financier privilégié pour l'Afrique. Par conséquent, nous nous retrouvons aujourd'hui avec un centre financier diversifié, bien réglementé et tourné vers l'avenir, non seulement apte à servir des marchés émergents tels que l'Afrique, mais également au fait des dernières tendances en matière de technologie, telles que l'IA, avec la possibilité pour les sociétés d'opérer en vertu d'une Regulatory Sandbox License.

 

En ce qui concerne l'Afrique et d'autres pays, nous sommes également en train de nous positionner en tant que centre de gestion de patrimoine, mettant à la disposition des investisseurs plus qu'une simple destination concurrentielle et sûre pour les holdings d'investissements.

 

Enfin, il convient de préciser que Maurice demeure une importante plateforme pour les fonds investissant en Inde, ainsi que la structuration de dette.

 

Outre les investissements transfrontaliers, comment évaluez-vous les services de gestion de patrimoine privé, ainsi que les autres avantages comparatifs offerts par le pays aux investisseurs internationaux ?

 

Maurice doit fournir des services à valeur ajoutée pour continuer à être un centre de services financiers de choix. Le renforcement des capacités mauriciennes en matière de gestion de patrimoine privé et de financement d'entreprises a déjà débuté. AfrAsia, par exemple, dispose de bonnes compétences en matière de services de gestion de patrimoine privé et le potentiel croissant, à côté en Afrique, est quelque chose dont nous devrions tirer profit. Pour vous donner une idée de la richesse générée sur le continent, il existe en Afrique plus de 400 sociétés dont le revenu annuel est de USD 1 milliard ou plus.

 

Nous avons également acquis des expertises au niveau de la technologie sucrière, des villes intelligentes, du textile et de la gouvernance dont nous pourrions faire profiter le continent africain.

 

S'agissant du secteur des services financiers lui-même, la croissance de l'Afrique pourrait attirer une gamme complète de compétences à Maurice si nous disposons du régime approprié pour les attirer et les retenir.

 

Quelles autres mesures peuvent prendre les sociétés de gestion et les organes de réglementation pour que la juridiction mauricienne consolide sa position en tant que centre financier international par excellence du continent ? Sommes-nous en train d’exploiter de manière optimale la Fintech Sandbox Regulatory License ?

 

En ce qui concerne le marché africain, il incombe à chaque société de gestion de parvenir à se faire sa place. Toutefois, nous dépendons tous du gouvernement lorsqu'il s'agit du développement de nouveaux accords de coopération avec des pays africains. Ce que nous pouvons dire actuellement c'est qu'il faut développer et intensifier nos relations diplomatiques avec le continent africain… et cela de manière très structurée et soutenue afin de lutter contre les risques de désignation de Maurice en tant que paradis fiscal. Pour appuyer notre diplomatie économique, le secteur privé et le gouvernement doivent collaborer autour d'une campagne de RP sur nos marchés d'origine.

 

L'innovation est un autre domaine qui devrait permettre à notre centre financier de se démarquer, à travers la technologie ou autre, car on peut tout à fait innover à l'aide d'autres moyens que la technologie.

 

La Regulatory Sandbox License (RSL) s'inscrit dans la vision du gouvernement qui est de promouvoir la créativité et l'innovation en permettant aux entreprises d'investir dans des projets à la pointe du marché ne disposant pas encore d'un cadre juridique approprié. Il s’agit d’une licence particulièrement pertinente pour la Fintech au regard des ambitions du gouvernement mauricien qui souhaite, dans ce domaine, faire du pays une plaque tournante pour l'Afrique. Avec environ 60 % de la population non bancarisée et un des plus hauts taux de pénétration du monde en termes de téléphonie mobile, l'Afrique est un territoire idéal pour des innovations Fintech orientées vers l'inclusion financière et un bouleversement du paysage des services financiers. L'initiative de création de la RSL devrait donc être applaudie car je pense qu'elle va attirer de nombreux technopreneurs (entrepreneurs technologiques) souhaitant faire des affaires en Afrique.

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